Début 1958, un décret rend obligatoire à bord des navires la présence du radeau de survie pneumatique mis au point par Alain Bombard pour la société l’Angevinière. Mais les pêcheurs y sont hostiles. Une série de démonstrations amène Bombard à Etel le 18 août pour prouver la fiabilité de son engin face à la redoutable barre d’Etel, qui plus est, à proximité d’un port de pêche encore puissant. Mais la mer et la barre sont très calmes. L’expérience, médiatique, se déroule dans une ambiance bon enfant, sans aucun problème.
Barre d’Etel, la dramatique expérience
Une seconde expérience par gros temps est suggérée. Bombard revient à Etel le 03 octobre. Cette fois, la barre, « en croix », a raison de lui. Le double naufrage (le radeau Bombard et le canot de sauvetage d’Etel) fait 9 victimes dont 5 marins sauveteurs étellois, parmi lesquels le patron du canot, Emile Daniel. Bombard, lui, en réchappe. Mais le traumatisme est profond pour tous… Orgueil, négligence et malchance ont eu raison de l’expérimentateur aventurier.
La tragédie et la notoriété d’Alain Bombard font du naufrage un événement médiatique d’ampleur nationale et même au-delà. A la Une, la presse l’annonce en gros titre aux côtés d’événements internationaux majeurs de l’époque (création de la Ve République, Mort du pape, catastrophe naturelle…) Au-delà de la flambée médiatique, du traumatisme pour Etel et le monde maritime, l’expérience marque un tournant dans l’histoire de la sécurité en mer.
Très vite, les pêcheurs adoptent et plébiscitent l’efficacité du radeau pneumatique. Le concept, amélioré depuis, équipe aujourd’hui la quasi-totalité des navires au niveau mondial; Enfin, suite à l’enquête technique de la SCSN (Société Centrale de Sauvetage des Naufragés) sur les causes du chavirage du « Vice-Amiral Schwerer », les canots de sauvetage des stations littorales vont être perfectionnés pour désormais allier auto-redressement et insubmersibilité.